XI. 1986 à 2013

En 1986, le mécontentement envers la dictature des Duvalier s’était répandu dans l’armée, le monde des affaires, la paysannerie et spécialement les écoles d’Haïti et les communautés liées aux églises. Finalement, le 7 février de cette année, des conspirateurs dans l’armée renversèrent Duvalier, s’emparèrent du pouvoir et promirent une transition vers la démocratie. Cependant, plusieurs Haïtiens insatisfaits avec les actions de l’armée, recoururent à la violence pour punir les Tontons Macoutes et empêcher le retour de Duvalier au pouvoir. Plusieurs gagnèrent les rues pour protester contre les nouvelles politiques libérales commerciales et supporter une constitution qui limiterait l’autorité de l’armée. L’armée utilisa la force pour réprimer l’opposition et garder le pouvoir. En 1989 cependant, l’armée était sous pression pour s’écarter et permettre des élections présidentielles, supervisées par un conseil qui représentait les partis démocratiques d’Haïti, et un président provisoire, Ertha Pascal-Trouillot, la première femme président d’Haïti. Un prêtre populaire, Jean-Bertrand Aristide qui inspira un mouvement politique connu sous le nom de « Lavalas » gagna les élections en 1990, mais fut renversé par l’armée au cours de la même année. Pour obliger l’armée à démissionner et permettre au processus démocratique de continuer, la communauté internationale appliqua un embargo qui étrangla l’économie haïtienne. Beaucoup d’Haïtiens prirent le chemin de l’exil et ceux restés  dans le pays devinrent dépendants des versements de pensions, à tel point qu’Aristide et d’autres après lui voulurent intégrer la diaspora dans la nation, au moins d’un point de vue théorique, sous le nom de « dixième département ».

Entre 1992 et 1994, les États-Unis intervinrent auprès des Nations Unies pour restituer le pouvoir à Aristide.  En retour, Aristide promit avec réticence de travailler avec les États-Unis et le Fonds Monétaire International pour baisser les impôts commerciaux. Tandis que la réduction des taxes aidait les industries d’assemblage et les corporations américaines avec lesquelles elles faisaient affaire, elle causait du tort aux paysans qui devaient se battre contre l’érosion du sol et ne pouvaient  pas grand-chose contre les importations à meilleur marché et l’assistance alimentaire. En 2004, Aristide fut renversé par un coup paramilitaire, un événement qui depuis a donné lieu à des débats très controversés.  Aidé par les Nations Unies, le successeur d’Aristide, René Préval, restaura la paix,  une paix qui fut mise à l’épreuve par la crise mondiale alimentaire en 2007. Puis, en 2010, un séisme dévastateur tua, blessa et déplaça des centaines de milliers d’individus, exacerbant la dépendance d’Haïti vis-à-vis de la communauté internationale et des ONG. Néanmoins, Haïti a persévéré et a commencé de se reconstruire.