IV. 1821 à 1845

Une fois  le territoire réunifié, la première priorité du Président Jean-Pierre Boyer fut de préserver l’indépendance d’Haïti. Quoiqu’il ne fit pas confiance aux intentions de l’Espagne dans l’est d’Hispaniola, il fut encore plus préoccupé par rapport aux séparatistes dominicains qui en 1821 déclarèrent leur indépendance de l’Espagne et demandèrent à Simón Bolívar d’admettre la nouvelle nation dans la Grande Colombie. Boyer assembla une armée et en 1822 ré-annexa la partie est d’Hispaniola. Pendant ce temps, il cultiva des liens avec des abolitionnistes européens et essaya d’encourager des Noirs Américains à migrer en Haïti. Aussi, il demanda aux autres nations, comme la Russie de reconnaître l’indépendance d’Haïti. Mais aucune nation ne voulut contrarier la France en reconnaissant Haïti de façon officielle. Finalement, en 1825, la France décida qu’elle reconnaîtrait l’indépendance d’Haïti pourvu que Boyer paie une indemnité. Boyer  se vit contraint d’accepter parce que des navires français étaient déjà en position d’attaque au cas où il aurait refusé. Cette dette fut une lourde charge, surtout parce que Boyer dut prendre des prêts français pour effectuer les premiers paiements sur l’indemnité et il fut incapable de restaurer l’économie de la plantation avec son code rural répressif de 1826. Le peuple haïtien était farouchement indépendant. Déterminé à vivre en tant que paysans autonomes, de nombreux Haïtiens des zones rurales établirent des ménages élargis connus sous le nom de « lakou » sur des petites propriétés qui furent transmises au fil des générations et intimement liées à la pratique du Vaudou comme religion ancrée dans la famille.

Boyer avait aussi d’autres problèmes. Haïti était toujours en état de schisme avec l’Eglise catholique romaine. Dans la partie est d’Hispaniola, les séparatistes dominicains organisèrent un mouvement indépendantiste secret. Les villes d’Haïti furent menacées par des incendies massifs. Un grand cyclone dévasta le sud en 1831. Et un tremblement de terre frappa le Cap-Haïtien en 1842. Boyer avait aussi des problèmes politiques. En 1843, il fut renversé par Charles Rivière-Hérard qui promit de rendre Haïti plus démocratique. Cependant, aussitôt au pouvoir, Hérard envoya son rival Lysius Salomon en exil. Mécontents avec Hérard, des paysans se mobilisèrent derrière un chef rebelle de la police rurale du nom de Jean-Jacques Acaau. Un coup encore pire pour Hérard fut une guerre coûteuse pour essayer de supprimer une révolution dans l’est d’Hispaniola qui résulta en l’indépendance dominicaine, en 1844. Les anciens supporteurs de Boyer saisirent cette opportunité pour renverser Hérard et reprendre le pouvoir derrière les présidents de doublure, Philippe Guerrier et Jean-Louis Pierrot.