V. 1846 à 1873

En 1846, le président Jean-Baptiste Pierrot fut renversé par l’ancien lieutenant de Christophe, Jean-Baptiste Riché. Riché avait soixante-sept ans quand il devint président, et il mourut l’année suivante. Les anciens supporteurs de Boyer au Sénat firent choix de Faustin Soulouque, un commandant militaire qui avait servi sous les ordres du feu président pour prendre sa place en tant que président de doublure. Pour s’assurer qu’aucune nation européenne ne reprenne la République Dominicaine et menace l’indépendance d’Haïti, Soulouque  partit en guerre contre les Dominicains. Battu complètement, cependant, il perdit le support chez lui et dut consolider le pouvoir. Malgré la désapprobation du Sénat, il gouverna en tant qu’empereur. Le ressentiment bouillonna jusqu’à ce qu’il soit renversé par son propre lieutenant, Fabre Geffrard.

Dans les années 1860, Haïti fit l’expérience de la prospérité, en partie  grâce à la guerre de sécession aux Etats-Unis. Une fois que les états esclavagistes firent sécession, le Président Abraham Lincoln ne vit aucune raison de ne pas répondre à la demande du Sénateur Charles Sumner de reconnaître officiellement l’indépendance d’Haïti en 1862. Aussi, l’embargo de l’Union imposé aux états confédérés fit du coton une denrée rare, ce qui enrichit les cultivateurs d’Haïti. Pendant ce temps, Geffrard et ses ministres bâtirent de nouvelles écoles. Ils invitèrent les Noirs Américains à emménager en Haïti, et mirent fin au schisme entre Haïti et l’Eglise  catholique. Ce dernier accomplissement, cependant, allait raviver l’hostilité contre le Vaudou. Geffrard ne fut pas sans  détracteurs. Un d’entre eux, Sylvain Salnave s’empara du Cap-Haïtien en 1865 avec une armée. Quand Geffrard entoura la ville, Salnave s’échappa en exil. Néanmoins, la marche du Président sur le Cap-Haïtien nuisit à sa popularité. Quand Salnave revint en 1867, il  réussit à prendre le pouvoir. Le temps de Salnave comme président fut consommé en altercations. En premier lieu, l’Eglise n’apprécia pas son attitude conciliatoire envers le Vaudou. Ensuite, son ancien allié, Jean-Nicolas Nissage-Saget, et un nouvel adversaire, Michel Domingue, se rebellèrent. Saget gagna la guerre. En 1869, cependant, des Dominicains menés par Buenaventura Báez convainquirent le Président des Etats-Unis, Ulysses S. Grant de proposer un traité au Congrès pour annexer la République Dominicaine. L’indépendance d’Hispaniola fut néanmoins préservée quand des sénateurs, mobilisés par Charles Sumner, votèrent pour rejeter le traité en 1870.