VI. 1874 à 1895

Quand la guerre de Salnave prit fin, Haïti se trouva dans un état critique. Le successeur du Président Jean-Nicolas Nissage-Saget, Michel Domingue, ainsi que son neveu, Septimus Rameau, voulaient reconstruire la nation, avec des chemins de fer et un nouveau palais. Mais ils furent incapables de réunir les fonds dont ils avaient besoin. En 1876, Haïti fut divisé entre le successeur de Domingue, Pierre Théoma Boisrond-Canal, et le Sénateur Jean-Pierre Boyer-Bazelais, dont les partisans constituèrent le Parti Libéral. Cette division créa une opportunité pour Lysius Salomon, l’ancien Ministre des Finances de l’Empereur Faustin Soulouque de rentrer en Haïti et saisir le pouvoir. Appuyé par le Parti National, Salomon créa la Banque Nationale d’Haïti et compléta les paiements de l’indemnité française. En 1883, cependant, les nationalistes et les libéraux  partirent en guerre. Si passionnés furent les supporteurs de Salomon à Port-au-Prince que plusieurs des partisans de Boyer-Bazelais dans les maisons de commerce furent tués. Au cours des prochaines décennies, des entrepreneurs allemands et des commerçants libanais chrétiens remplirent le vide laissé dans l’économie haïtienne et s’installèrent de façon permanente sur l’île.

Les  événements de 1883 minèrent la popularité de Salomon. En 1888, il fut forcé de quitter le pouvoir et fut succédé par son propre subordonné, François Légitime. Incapable de retenir les libéraux, Légitime fut renversé par Florvil Hyppolite dès l’année suivante. Hyppolite ainsi que son brillant Ministre de Finances et d’Affaires étrangères, Anténor Firmin, étaient déterminés à faire avancer la nation. Sous Hyppolite l’état rénova des espaces urbains.  Firmin aida à réécrire la constitution d’Haïti. Aussi, pendant qu’Hyppolite faisait la paix avec la République Dominicaine, Firmin maintint la souveraineté haïtienne sur le Môle Saint-Nicolas, un port sur la péninsule nord d’Haïti que les Etats-Unis voulaient louer. Pendant tout ce temps, Firmin espérait démontrer les potentialités d’Haïti au monde. Les inégalités à l’intérieur d’Haïti, cependant, ne furent jamais résolues. A l’approche du nouveau siècle, Haïti était un lieu très inégalitaire. Les maisons de commerce dans les villes portuaires d’Haïti continuèrent d’amasser de petites fortunes alors qu’elles  achetaient le café cultivé par les paysans et le vendaient à l’Europe. Les élites s’identifiaient plus facilement à la culture française qu’aux paysans dont le travail soutenait la nation.