VIII. 1915 à 1934

Lorsqu’en 1915, le nouveau président haïtien Vilbrun Guillaume Sam fut tué par une foule en colère suscitée par l’exécution de prisonniers politiques, les États-Unis envoyèrent  leurs militaires occuper Haïti, comme cela s’était fait à Cuba, à Porto-Rico, au Nicaragua, aux Philippines et en 1916, en République Dominicaine. Les États-Unis choisirent un sénateur, Sudre Dartiguenave, en lieu et place d’un docteur en médecine  et politicien enflammé, Rosalvo Bobo, pour devenir le président d’Haïti. Dartiguenave endossa un traité qui permit aux États-Unis de mettre en place une nouvelle gendarmerie pour contrôler la nation. Les États-Unis imposèrent aussi à Haïti une nouvelle constitution qui permit à des non-Haïtiens d’acheter et de posséder des terres. En 1917, les États-Unis étaient en guerre contre l’Allemagne en Europe. En conséquence, plus de vingt Allemands résidant en Haïti furent placés dans un camp de détention. D’autres Haïtiens furent forcés  à travailler à la corvée pour construire de nouvelles routes. Tandis que l’opposition s’intensifiait, un leader provincial, Charlemagne Péralte, mobilisa une armée de paysans, que les militaires américains tentèrent de réprimer. En 1922, de nombreux rapports d’atrocités commises par les soldats américains occasionnèrent la tenue d’une séance du Sénat américain qui fut très peu critique mais qui conduisit néanmoins à une nouvelle stratégie en Haïti. Plus tard au cours de l’année, un nouveau président, Louis Borno et un  haut commissaire américain furent installés. Ils supervisèrent l’investissement dans la santé publique, aussi bien que l’éducation vocationnelle, autour de  laquelle il y eut de grands débats.
L’occupation réveilla le nationalisme haïtien. Plusieurs intellectuels dénoncèrent l’impérialisme et certains comme Jean-Price Mars se tournèrent vers la paysannerie haïtienne et le vodou pour construire une nouvelle identité nationale. Les Américains s’intéressaient au vodou, mais plus comme une commodité exotique, au moins en dehors de la communauté anthropologue. En Haïti, il y avait un mouvement pour intégrer la culture paysanne dans la musique, la poésie et les romans. Entretemps, des intellectuels et des politiciens s’unirent pour créer l’Union Patriotique, qui s’opposa à l’occupation avec le support de sympathisants afro-américains. Cependant, ce ne fut qu’après la grève des étudiants et la tuerie par des soldats américains d’une douzaine de protestataires aux Cayes, une ville dans le sud, que les États-Unis décidèrent   de quitter Haïti. En 1930, l’Assemblée  Nationale d’Haïti sélectionna un nouveau président, Sténio Vincent, pour superviser la transition qui viserait la fin de l’occupation. Vincent nomma des Haïtiens pour prendre en charge les travaux publics, la Gendarmerie, renommée Garde d’Haïti, et le nouveau système d’éducation vocationnelle. Finalement, en 1934, les États-Unis se retirèrent et Vincent proclama la seconde indépendance d’Haïti.