IX. 1935 à 1956         

Sous la présidence de Sténio Vincent, Haïti investit dans les travaux publics et l’éducation.  Cependant, au cours de la septième année de la présidence de Vincent, le président dominicain Rafael Trujillo, ordonna à ses militaires de massacrer les Haïtiens en République Dominicaine.  Vincent devint très impopulaire parce qu’en fin de compte sa réponse fut d’accepter les réparations de Trujillo. En 1941, Vincent  abandonna le pouvoir, et son ambassadeur auprès des États-Unis, Elie Lescot, devint président. Sous Lescot, les relations d’Haïti avec les États-Unis se renforcèrent, comme le Panaméricanisme s’étendait dans les cercles élitistes, Haïti déclara la guerre à l’Allemagne nazie, et Lescot institua la SHADA, une initiative pour produire le latex nécessaire aux États-Unis durant la deuxième guerre mondiale. Lescot, cependant, fut incapable de contrôler les nouveaux mouvements politiques radicaux. « Les noiristes » qui encourageaient le pouvoir noir, dénoncèrent la direction  et les politiques de Lescot. Les féministes voulaient avoir leur mot à dire. Et pendant que Lescot invitait plusieurs marxistes comme Jacques Roumain à participer à son gouvernement, de nombreux marxistes, y compris Roumain, pensaient qu’Haïti avait besoin d’un nouvel ordre social qui favoriserait les classes populaires et  non seulement la bourgeoisie. Lescot devint encore plus impopulaire quand il permit à l’Eglise catholique d’entreprendre une campagne « antisuperstitieuse » contre le vodou et que SHADA se montra improductif.

Lorsque les protestations se généralisèrent, Lescot fut contraint de prendre l’exil en 1946, et l’Assemblée Nationale d’Haïti élit Dumarsais Estimé président. Ancien enseignant et législateur, Estimé fut plus libéral que ses prédécesseurs au pouvoir. Il laissa les ouvriers mettre sur pied des syndicats, il  invita les noiristes à joindre son cabinet, il tint tête aussi aux corporations américaines, même si sa décision de nationaliser Standard Fruit fit du tort à l’industrie bananière d’Haïti. En 1949 et 1950,  Haïti célébra le bicentenaire de la fondation de Port-au-Prince avec une exposition internationale. En 1950, cependant, les militaires renversèrent Estimé quand il essaya de prolonger sa présidence. Sous le successeur d’Estimé, le Colonel Paul Magloire, Haïti prospéra grâce aux prix exceptionnellement élevés du sisal et du café, aussi bien qu’à une augmentation des revenus touristiques. À cette époque, des entrepreneurs américains furent engagés pour superviser la construction d’un barrage géant, les femmes reçurent le droit de vote, et les dirigeants s’intéressèrent à la situation des enfants déplacés, qui travaillaient comme domestiques avec peu d’espoir de recevoir de l’éducation. Lorsque le cyclone Hazel frappa en 1954, Magloire fut cependant dans l’incapacité de récupérer sa popularité. Deux ans plus tard, il démissionna.