Le Nouveau Monde et le Vieux Monde  par Valerie I. J. Flint (1936-2009)

Extrait  de The Imaginative Landscape of Christopher Colombus / Le Paysage imaginatif de Christophe Colomb  de Flint (1992). Flint  était un historien britannique et un expert en l’histoire intellectuelle du Moyen  Age.

Je tenterai … de reconstruire, et de comprendre, non pas le Nouveau  Monde que  Colomb a trouvé, mais  le Vieux Monde qu’il avait  porté avec lui dans  sa tête. Ce Vieux Monde  avait un grand pouvoir. Il  fournissait de l’énergie et dirigea  les  nombreux efforts de Colomb dès le début et  beaucoup de ce monde- là   est resté en place, dans sa tête, jusqu’à la fin.  Ainsi, quoique certains de ses aspects aient pu être décrits après  comme  merveilleux,  ils étaient si réels à ce moment- là  pour les  acteurs les plus importants  à  ce stade particulier  qu’ ils  ont  eu un impact décisif  sur l’ établissement éventuel de «  la réalité objective ». Ici, les faits et la fantaisie deviennent  si difficiles à distinguer que le mot fantaisie perd sa signification habituelle.  Et  la fantaisie,  d’une certaine façon, devient  même propre, en effet vitale, pour compléter la compréhension des faits eux – mêmes.  

Colomb s’est servi de  son monde intérieur, de son paysage  imaginatif, délibérément. Peut – être pour attirer d’autres vers lui, peut – être pour faire, avec leur aide, une impression  sur ces autres- là  en vue de servir ses fins… il  a pu attirer les souverains, les chevaliers, les gentilshommes et les dames, même, dans  certaines occasions ses propres marins.  En jouant sur ces instruments  soigneusement  choisis, il a pu les charmer à partir  d’idées dont ils étaient à peine conscients.