Les  Flibustiers  par  Robert Taber​

Taber est doctorant au Département d’Histoire à University of Florida. Sa thèse porte sur les   blancs pauvres  à Saint Domingue.

Attiré par l’argent emporté par les convois  espagnols quittant La Havane, les marins et les marchands  parlant français  commencèrent  à  arriver dans la Caraïbe au milieu des années 1500.  Ces flibustiers (pirates  ou  contrebandiers) commerçaient aussi avec les Espagnols établis à l’ouest d’Hispaniola et qui avaient un accès  réduit aux marchands espagnols. Pour mettre fin à ce  commerce de   contrebande, durant la première décennie des  années 1600, le Gouverneur espagnol à Santo Domingo procéda à l’évacuation forcée des établissements de la partie occidentale de l’île, laissant derrière lui de larges populations de bétail et des  cochons en abondance.

Dans les décennies  qui suivirent  cette évacuation, un groupe multi ethnique de gens arriva par mer à Hispaniola par petits groupes de deux ou trois, chassant les animaux abandonnés et vendant leurs   viandes  et leurs peaux  aux  bateaux qui  passaient. Connus comme des boucaniers parce qu’ils rôtissaient  la viande sur les broches traditionnelles des Taínos au- dessus d’un feu,  ils se joignirent aussi aux flibustiers  en prenant comme proie les bateaux espagnols, anglais et français.  Ils opéraient à partir de la Tortue, une  île se trouvant juste au nord de l’actuelle  ville de  Port – de – Paix. Au milieu des années 1650, les Français ont pris le contrôle  de la Tortue et des établissements des flibustiers de la côte nord d’ Hispaniola et, en 1665, la monarchie française dépêcha Bertrand  d’Orgeron pour travailler comme  le premier gouverneur officiel de la Tortue et de Saint Domingue (la version française de Santo Domingo) pour maintenir les  flibustiers et les boucaniers loyaux à la France et  pour recruter les serviteurs pour aider les flibustiers dans les plantations de tabac.   

Les Africains et  les populations descendant  de  la  partie africaine  faisaient probablement partie de la population des boucaniers et des flibustiers du temps de cette évacuation comme esclaves échappés des  Espagnols et qui ont pu trouver  une nouvelle  façon de vivre comme chasseurs  ou comme pirates. L’esclavage se répandit graduellement à Saint Domingue et,  de  1650 au début du dix- huitième siècle,  les gens réduits en esclavage   touchaient légèrement moins d’un tiers de  la population en 1681.  La croissance de la culture du sucre et de l’indigo, débutant autour de 1680,  encouragea  grandement  la croissance du commerce des esclaves vers Saint Domingue. Finalement, les attaques des flibustiers à Carthagène et à la Jamaïque durant la guerre de  neuf ans (1688 – 1697),  décrite par Charlevoix, augmenta le   nombre  d’esclaves dans a colonie  de 50 %  et aboutit à la reconnaissance par l’Espagne de la colonisation  française de la partie occidentale de l’île ce  qui conduit au boom économique du sucre après 1700.