Le  Sucre  et  les  Plantations  par  John D. Garrigus

Garrigus  est professeur  associé  d’Histoire  à l’Université de Texas, Arlington.  Il est l’auteur de Before Haiti : Race and Citizenship in French Saint Domingue / Avant Haïti: Race et Citoyenneté dans le Saint Domingue français » (2006) et co-auteur de  « Assumed Identities :The Meanings of Race in the Atlantic World/ Identités assumées : les significations de la race dans le monde atlantique » (2010)

Les colonies françaises de la Martinique et de la Guadeloupe commencèrent à produire le sucre depuis 1680. Mais, les plantations de sucre commencèrent à démarrer à Saint Domingue seulement  après 1700.  Dans cette  grande portion de territoire, le sucre atteindrait rapidement  de nouveaux niveaux de production et de profitabilité. Les esclaves qui travaillaient dans l’industrie du sucre, d’ un autre côté, souffrirent  beaucoup d’un   taux élevé  de mortalité et d’un taux  très bas de natalité. Encore  plus que  dans les  Petites Antilles, les  habitations de sucre de Saint Domingue n’étaient pas des fermes tropicales, mais des sites manufacturiers avec beaucoup des caractéristiques des opérations industrielles.

Au dix- huitième siècle, la canne à sucre  prenait entre douze  et dix- huit mois pour   pousser et  mûrir. Mais tout cet effort  pouvait  se perdre si le planteur avait mal dirigé le délicat processus de transformer la canne en des cristaux de sucre. Les plantations  avaient leurs propres moulins pour tirer le jus  de la canne, et ces moulins  marchaient 24 heures par jour durant la période de la récolte. Les  plantations avaient aussi leurs propres  bouilloires dans lesquelles les travailleurs évaporaient progressivement  le jus de la canne   dans  une série de petites cuves comme c’est  montré  plus bas dans ce dessin architectural de 1784.        

Après que le jus eut été  cristallisé, il  était mis dans des  réservoirs et emmagasiné pour trois semaines pour  lui enlever la moisissure. Contrairement aux colonies britanniques à qui il fut seulement autorisé de produire le sucre brun, après 1763, la majeure partie des planteurs de Saint Domingue raffinèrent  leurs cristaux en un sucre d’une teinte dorée.  Ceci exige deux fois plus de canne brute, mais rapporte   beaucoup  plus d’argent. Ce processus produit  aussi de la mélasse  que  les planteurs  vendaient aux marchands venus de l’Amérique du nord en violation de la loi française. 

Aux environs de 1780, Saint Domingue avait 793 plantations. Chacune d’elles, selon les chroniques des contemporains, exigeait  un minimum de 100 esclaves. Au cours des années 1770, les planteurs à Saint Domingue payaient les capitaines des bateaux négriers 2.000  livres (livres françaises) pour   un homme africain, une somme équivalente à 25.000 dollars en 2010. En France cette somme  pouvait  faire vivre une famille de  la classe ouvrière avec six personnes pour une année. L’investissement nécessaire pour bâtir, équiper et embaucher du personnel pour une plantation de sucre à Saint Domingue était de 700. 000 livres, soit  à peu près l’équivalent de $8.75 millions en 2010.