Les Haïtiens dans le monde atlantique espagnol par Jane Landers
Landers est professeur d’Histoire “Gertrude Conaway Vanderbilt” à Vanderbilt University. Elle est l’auteur d’Atlantic Creoles in the Age of Revolutions/ Créoles atlantiques à l’Age des Révolutions (2010) et de Black Society in Spanish Florida/ La Société noire dans la Floride espagnole (1999).
En novembre 1793, les trois leaders les plus importants de Saint Domingue, à savoir George Biassou, Jean-François et Toussaint Louverture firent allégeance à l’Espagne et furent organisés comme les Auxiliaires noirs du roi Carlos IV. Chacun d’eux reçut des médailles d’or portant le portrait du roi et des documents exprimant la gratitude et la confiance du gouvernement espagnol.
Quand l’Assemblée française abolit finalement l’esclavage, Toussaint cessa de collaborer avec les Espagnols et en mai 1794, il offrit ses services et sa loyauté à la République française. Georges Biassou resta loyal à l’Espagne. Mais, en 1795, l’Espagne et le Directoire de la République française conclurent un traité de paix par lequel l’Espagne céda la partie occidentale de l’île à la France et fut d’ accord pour disperser les Auxiliaires noirs.
En décembre 1795, Georges Biassou emmena ses partisans à St. Augustine, Floride où il fut reconnu comme le Général de la Floride des milices noires et défendit la colonie hispanique contre les attaques des Indiens Séminoles. Jean François emmena un plus grand groupe à Cadix, et plus tard combattit pour l’Espagne à Oran. Les autres petits groupes d’exilés de noirs de Saint Domingue partirent pour le Panama, le Guatemala et le Yucatan d’ où ils continuèrent à servir l’Espagne comme des miliciens noirs.
Habitués à la guerre contre les planteurs français, contre les troupes françaises et britanniques et contre les hommes de leurs propres contrées, et bien habitués aux « dangereuses notions » de liberté, d’égalité et de fraternité, ces hommes, en dépit de leur rhétorique monarchique, furent objets de crainte à travers tout le monde atlantique. Georges Biassou mourut en Floride en 1801, où après une belle oraison funèbre, le prêtre se le rappelle comme « le très connu caudillo [chef] des royalistes noirs de Saint Domingue ». La maison où il habitait est encore là, à St. Augustine, en Floride et abrite un musée qui est aujourd’hui un repère historique.