Une Guerre au sein d’une guerre par Christina Mobley
Mobley est doctorante dans le Département d’Histoire à Duke University. Sa thèse porte sur les Congos dans la Révolution haïtienne.
La Révolution haïtienne devint une guerre civile en 1802 quand Henri Christophe, Jean Jacques Dessalines et Toussaint Louverture se mirent d’ accord pour rejoindre l’armée française. Cette décision a divisé l’armée révolutionnaire car beaucoup d’anciens esclaves ont refusé de déposer les armes et ont continué en fait de combattre activement l’Armée française à travers toute la colonie. Parmi eux, il y eut de leaders notables nés en Afrique comme Sans Souci qui avait été un leader important depuis le début de la Révolution. Les troupes coloniales commencèrent à mettre en déroute les forces rebelles, spécialement après juin, quand Leclerc arrêta Toussaint et ordonna le désarmement de la population de Saint Domingue. L’ordre de désarmement de Leclerc a mis le feu aux poudres, incitant des révoltes à travers la colonie. En octobre, les combats ont atteint un tel niveau que Leclerc a écrit à Napoléon en lui recommandant une « guerre d’extermination » contre la population noire de la colonie. Le même mois Dessalines et Christophe se rendirent, à coté de personnalités de couleur importantes comme Alexandre Pétion qui étaient revenues de France avec les Forces de Leclerc. Le successeur de Leclerc, le Général Rochambeau répondit aux défections par le massacre de ses propres troupes noires en gazant les prisonniers avec du soufre allumé sur les bateaux. Les atrocités de Rochambeau contribuèrent à solidifier l’opposition contre les forces françaises et amenèrent les troupes noires qui étaient restées encore loyales [aux Français] dans les rangs des rebelles, qui s’appelèrent alors « l’armée indigène ».
Cependant, l’armée indigène était elle – même divisée entre d’une part les créoles et les troupes libres qui avaient été antérieurement alliés des Français et les grandes quantités de rebelles africains – nés ailleurs. Dessalines, Christophe et Pétion essayèrent de reprendre contrôle sur les armées rebelles. Néanmoins, les leaders rebelles, particulièrement Sans Souci qui dirigeait les groupes prépondérants d’Africains – connus comme « les Congos » avaient depuis des mois rejeté les attaques menées par Dessalines et Christophe et ne voulaient pas admettre leur direction.
Dessalines et Pétion cherchèrent à faire la paix avec sans Souci, mais Christophe avait ordonné son assassinat. L’assassinat de Sans Souci mit les Congos en rage. Ils répondirent en attaquant Christophe, le forçant à la retraite. Dessalines reprit le dessus et attaqua les Congos restants, les pourchassant dans les montagnes, d’où ils continuèrent à attaquer l’armée des insurgés. Connue comme « une guerre dans la guerre », cette division de l’armée des insurgés en face de l’expédition française avait affaibli la résistance à la domination des Français et abrité les divisions qui se développeraient après l’indépendance en Haïti.