La Bataille de Vertières  par C.L.R. James (1901-1989)

Un  extrait  des Jacobins noirs de James : Toussaint Louverture et la Révolution de Saint Domingue  (1963).  James était un Afro – Trinidadien  et un intellectuel. Dans son livre,  il présenta les Haïtiens  comme des Jacobins noirs qui renversèrent la classe des planteurs et l’impérialisme européen. Comme une histoire romantique, son livre est en partie inspiré  par le marxisme et la décolonisation en Afrique. 

En décembre, une rumeur  se répandit  parmi les Français que les  noirs et les mulâtres ne se battaient pas pour l’indépendance parce qu’ils  portaient encore  les couleurs françaises. Pour  mettre fin à cette situation, Dessalines tint une conférence à l’Arcahaie.  A partir du rouge, blanc et  bleu du tricolore [drapeau français], le blanc fut enlevé, et en lieu et place des initiales R. F. (République Française), « Liberté  ou la Mort »  fut inscrit.    

Quelques semaines après la conférence de l’Arcahaie, Saint Domingue apprit que la guerre entre  l’Angleterre et la France avait de nouveau commencé : Rochambeau fut alors isolé par la  flotte britannique. 

Le 16 novembre, les noirs et les mulâtres  se concentrèrent pour une dernière attaque du  Cap et les  postes  très bien fortifiés qui l’entouraient. Clairveaux, le mulâtre,  était en commandement, et, avec lui, Capois un officier noir, dit la Mort à cause de sa bravoure. A l’aube du matin, l’armée nationale attaqua.
 

Un boulet  frappa  le cheval de Capois. Bouillant de rage, il se dressa, faisant un geste de mépris avec son épée, il continua d’avancer : En avant ! En  avant ! Les Français qui avaient combattu dans de nombreux champs de bataille n’avaient jamais vu  un combattant comme celui –ci. De toutes parts retentit un tonnerre d’applaudissements.  Dessalines, le leader local, se trouvait sur une colline voisine.  Connu lui-même comme le brave des braves, il  fut   surpris et dépassé par  l’esprit  de Capois et de ses hommes.   

Une pluie torrentielle se répandit soudain qui mit fin au combat. La nuit même, Rochambeau tint un conseil de guerre et décida d’évacuer l’île. Dessalines l’avertit que s’il ne dégageait  pas immédiatement ses bateaux, ceux – ci seraient  bombardés.  Rochambeau n’eut d’autre alternative que de se  rendre aux Anglais. Des  60, 000 soldats qui avaient  quitté la France, presque tous périssaient et  les quelques-uns qui restaient   allaient  pourrir pendant des années dans les prisons anglaises.