Boyeret le Monde extérieur par Erin Zavits

Zavits est doctorante au Département d’Histoire à l’Université de Floride. Sa thèse analyse comment l’histoire est commémorée en Haïti.

Exclue, paria parmi les nations qui pratiquaient encore l’esclavage au dix-neuvième siècle, Haïti a souvent été définie comme isolée du reste du monde. Bien que la nation insulaire ait effectivement été en butte à l’hostilité générale des autres pays, les relations internationales n’étaient pas inexistantes. La diplomatie internationale s’est surtout développée pendant les vingt-cinq ans de pouvoir de Jean-Pierre Boyer. Ces relations internationales relèvent essentiellement de trois catégories : émigration, reconnaissance et commerce.

Tout d’abord, corroborant l’image d'Haïti refuge pour les personnes d’ascendance africaine, Boyer, en coopération avec des Afro-Américains et des abolitionnistes des États-Unis, apporta son soutien à une campagne pour l'émigration des gens de couleur libres. La première vague de migrants arriva au milieu des années 1820. Si bon nombre d’entre eux eurent beaucoup de mal à s’adapter au nouveau climat et à l’environnement culturel et linguistique, certain restèrent et entamèrent une nouvelle vie en Haïti. Ils furent rejoints par une seconde vague au cours des années 1850 et 1860.

Au-delà de l'accroissement de la population, la diplomatie de Boyer visait deux objectifs : la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti et le développement du commerce international. Les différentes étapes vers la reconnaissance connurent leur apogée en 1825, avec un décret royal de Charles X par lequel la France reconnaissait l’indépendance d’Haïti en échange d’une indemnité de 150 millions de francs et de relations commerciales avantageuses. Des navires de guerre français mouillant à Port-au-Prince, Boyer signa le décret, mais il négocia durant les dix années qui suivirent des avantages commerciaux plus raisonnables entre les deux pays et une indemnité ramenée à 60 millions de francs. Le traité conclu avec la France aboutit à d’autres négociations avec des puissances européennes telles que la Grande Bretagne, partenaire clé, qui officialisa ses relations avec Haïti après le décret de Charles X. Quoique ses résultats soient discutables, la diplomatie de Boyer assura néanmoins à Haïti une reconnaissance internationale et des droits commerciaux qui lui ouvrirent l’accès au monde extérieur