Eugène Tisserant et les Francs-maçons  par Henry J. Koren

Un extrait du livre de Koren  The Spiritans / Les Spiritains  (1958). Koren était un prêtre qui a vécu aux  Pays – Bas  et plus tard aux États Unis. Dans  ce  livre Koren explique  que Tisserant était  le fils aîné du Général haïtien  Louis Beauvais qui avait envoyé ses enfants vivre en France pour éviter la guerre civile entre Pétion  et Christophe. Tisserant grandit donc en France  et revint plus tard en  Haïti comme missionnaire de la Congrégation du Saint Esprit. Il tenta de négocier  un accord entre Haïti et le Vatican, mais fut dérouté par la  fourberie de prêtres  tels que le Père Pierre Cessens, et  les francs-maçons qui  voulaient  garder leur indépendance par rapport au Pape.  

Quand la Révolution éclata, la majorité des prêtres dominicains et  capucins qui travaillaient dans le pays se dispersèrent. Les quelques-uns parmi   eux qui restèrent  quittèrent le pays en 1804, quand Haïti proclama son indépendance  de la France. Seulement un ou deux qui restèrent  mirent en place une sorte d’Eglise schismatique.  A partir de 1820, l’île devint une sorte de port ouvert pour toutes sortes de prêtres ou de religieux qui avaient été expulsés de leurs ordres ou de leurs diocèses. Ils  n’avaient aucun contact avec Rome et furent simplement nommés par le Président de la République. Les  classes dominantes, à la fois blanche ou mulâtre étaient imbues des idées de Voltaire et de la franc -maçonnerie.   

Père   [Eugène] Tisserant arriva en Haïti comme missionnaire quand   la révolution de 1843 venait juste de renverser le gouvernement. Après avoir obtenu la permission de prêcher et d’administrer les sacrements,  il entra en négociation avec le gouvernement provisoire afin d’arriver à une solution  pour la crise religieuse en Haïti. Quand ces négociations  étaient sur le point de réussir, Rome, en janvier 1844,  le nomma  Préfet apostolique en Haïti.
Pendant ce temps, l’île malheureuse  faisait face  à une épidémie de fièvre jaune qui balaya la population. Le  Père Tisserant et ses  confrères contractèrent   la maladie en  portant  des secours aux personnes affectées. En août 1844, il alla en Europe se soigner  et répondre de ses difficultés personnelles. Pendant son absence,  l’un des prêtres en Haïti, l’abbé Cessens, ambitieux pour devenir « Chef de l’Eglise » commença à manœuvrer  ouvertement  contre le  Préfet Apostolique et arriva à créer une forte opposition contre lui    

En février 1845, quand Tisserant retourna dans l’île  avec quatre Spiritains recrutés pour l’aider dans ses travaux, de nouveaux désordres politiques éclatèrent. Encore une fois, il y eut un nouveau gouvernement, et celui – ci, dirigé par Philippe Guerrier, lui était  favorable. Le  contrôle ecclésiastique  qui lui fut réclamé comme prix de  sa reconnaissance lui était complètement inadmissible. Quand, en dépit de ses protestations, le Président de la République commença une fois de plus à nommer personnellement des prêtres de son choix comme responsables de paroisses, Père Tisserant fit montre d’un déplorable manque de capacités diplomatiques pour faire face  intelligemment à la nouvelle situation. Au moins, il aurait pu tenir ouverte la ligne de communication  avec le Saint Siège en nommant l’un de ses confrères  comme Vice –Préfet, mais il choisit, au lieu de cela,  de  retirer tous ses prêtres et de retourner en France. Dix-huit années passèrent avant que  les premières crises religieuses d’Haïti puissent être résolues.