La Constitution et les Piquets par Mimi Sheller
Sheller est professeur de Sociologie et directrice de Mobilities Research et du Policy Center à Drexel University. Elle a écrit de nombreux livres dont Democracy after Slavery/ La démocratie après l’esclavage (2000), Consuming the Caribbean/Consumant la Caraïbe (2003) et Citizenship from Below/ La citoyenneté par le bas (2012).
Beaucoup de gens pensent qu’Haïti n’avait pas eu des élections démocratiques jusqu’ aux élections de 1986. Pourtant, il y a eu des élections, des constitutions démocratiques et des mouvements de démocratisation à travers tout le dix- neuvième siècle. L’un des plus importants de ces mouvements fut la « Révolution libérale » de 1843 qui renversa le Président Jean- Pierre Boyer et qui conduisit à l’adoption d’une nouvelle constitution. l Elle débuta avec le Manifeste de Praslin, écrit par une Société Secrète pour les Droits de l’Homme et du Citoyen dont les membres s’assemblèrent le 1er septembre 1842 à Praslin, propriété du Général Charles Rivière Hérard, près des Cayes. Attaquant les injustices du gouvernement autocratique de Boyer et appelant à la démocratisation, ils formèrent un gouvernement provisoire.
La démocratie a été promue par les membres de l’opposition au sein de la Chambre des Députés et des journalistes, comme Dumai Lespinasse, Rédacteur de Le Manifeste: Journal Commercial, Politique et Littéraire (Port-au-Prince, 1841-1844), l’écrivain Emile Hertelou et l’éditeur Telemon Bouchereau qui avait servi comme secrétaire de l’Assemblée Constituante qui avait écrit la nouvelle constitution. L’insurrection contre Boyer l’amena à fuir à la Jamaïque, avec toute sa famille le 13 mars 1843.
Bien que le Général Hérard devienne président, certaines parties de l’électorat pensaient qu’il représentait une faction militaire à prédominance mulâtre. Il devrait affronter une opposition « du parti démocratique » représenté par Salomon jeune qui soutient qu’il représente « les noirs ». Leurs revendications pour l’égalité sociale avait conduit en 1844 à la révolte connue sous la dénomination de Rébellion des Piquets, conduite par Jean- Jacques Acaau, un chef de la police rurale qui se dressa pour les droits de la paysannerie et des petits propriétaires.
L’Armée souffrante d’Acaau rassembla les gens au son du Lambi, porta les habits des paysans et affirma leur « Respect pour la constitution, les Droits, l’Egalité et la Liberté ». Ils initièrent un mouvement populaire qui continua avec les Cacos à la fin du dix- neuvième siècle, en opposition à l’occupation nord- américaine du début du 20ème et qui a prévalu jusqu’ au mouvement démocratique qui aboutit à la chute de Jean- Claude Duvalier.