La Montée de Riché et la dernière passe dAcaau  par Thomas Madiou (1814-1888)

Un extrait du livre de Madiou,   Histoire dHaïti, volume 8. Madiou  était l’un des premiers et le plus prolifique des historiens haïtiens. 

Le parti riviériste était, en fait, anéanti. Mais les citoyens et les militaires qui avaient le plus contribué à la chute de cette faction, commençaient à s’entendre activement pour en finir avec le gouvernement.


Au Port-au-Prince, le général Riché, le général Dupuy, ancien chef du Cabinet particulier de Guerrier, le colonel d’artillerie Fils-Aimé conspiraient [contre le président Louis Pierrot] avec une rare persévérance et habilement, quoiqu’ils fussent très surveillés par les généraux Lazarre et Samedi Télémaque.

Le mécontentement se manifeste davantage; les  masques (de carnaval)  vocifèrent contre Pierrot; ils imitent, en outre, sa voix, ses gestes, sa démarche. On attend avec impatience le signal de la révolte qui devait être donné à Saint-Marc.

Les conjurés de Saint-Marc profitèrent de la réunion des troupes qui devaient partir, pour les porter à la révolte et le 27 février, le peuple, le 3ème régiment d’artillerie, les 7ème et 8ème, la gendarmerie, le 20ème, la cavalerie, rangés sur la place d’armes proclamèrent la déchéance de Pierrot et acclamèrent Riché Président d’Haïti.

A dix heures précises, le Palais National était bondé de monde. Parmi les assistants, on distinguait les généraux de division Lazarre [… et]  S. Télémaque.

Le général Riché fit introduire cette nombreuse assemblée dans la grande salle du Palais, et lui dit qu’il allait  ouvrir devant elle un paquet adressé au Président d’Haïti Riché.

Immédiatement des patrouilles se répandirent en ville, proclamant le nouveau Président.

Le Président Riché portait, pendant cet intervalle, toute son attention sur Acaau et dirigeait contre lui d’assez nombreuses troupes qu’il avait placées sous les ordres du général Samedi Télémaque.

Le général Riché, ne doutant pas de la résistance qu’Acaau ferait à son avènement au pouvoir, avait dès le  1er mars écrit au général Philippeaux, commandant la place et la commune du Petit-Trou des Baradères, pour lui annoncer son avènement à la présidence.

Télémaque s’avançait rapidement sur l’Anse-à-Veau, à la tête d’une armée expédiée du Port-au-Prince.

Le fort où s’était retiré Acaau fut étroitement cerné, canonné, puis assailli. Acaau, ne pouvant s’y maintenir, l’abandonna, se jeta dans les bois; mais traqué de toutes parts, il fut réduit à se brûler la cervelle.