La Guerre de Salnave par André Georges Adam

Un extrait du texte Une crise haïtienne, 1867-1869: Sylvain Salnave (1982) de l’historien haïtien André Georges Adam. Ci-dessous, Adam explique comment Salnave vainquit initialement ses rivaux en recrutant des “Piquets”, des soldats-paysans. Cependant, Haïti se divisa bientôt en trois républiques, une gouvernée par Salnave, les autres dirigées par Michel Domingue et Nissage Saget. La guerre civile –en grande partie livrée sur des navires mercenaires américains- finit lorsque Salnave fut capturé en route vers la frontière dominicaine.

Malgré la combativité du gouvernement et [l'aide des] femmes de Bel-Air [qui soutenaient Salnave], il ne put desserrer l'étreinte [des insurgés] sur la ville. Salnave décida alors, sur les conseils de son ministre, Numa Rigaud, qui, selon [Anténor] Firmin, "avait des accointances avec les anciennes bandes de [Jean-Jacques] Accau " [et pouvait] soulever les paysans de l'Ouest et du Sud : les Piquets. La lutte politique fut ainsi transformée en une guerre de "situations sociales". D'authentiques chefs paysans soulevèrent la paysannerie en faveur de Salnave.

Le 19 septembre 1868, Nissage Saget fonda l'État Septentrional. Il [s'étendait] jusqu'à Arcahaie au Sud et incluait tout le Nord, sauf Cap-Haitien, la totalité du Nord-Ouest, sauf Port-de-Paix et Môle St. Nicolas, et l'ensemble de l'Artibonite, sauf Gonaïves.

Le 21 septembre 1868, Michel Domingue organisa l'État Méridional, dont les limites géographiques incluaient toutes les villes du Sud, sauf les montagnes [dont les habitants] soutenaient Salnave. La ville de Jacmel rejoignit l'État Méridional, dont la capitale était Les Cayes.

Avec sa marine, [l'État Septentrional] avait pris le Nord, le Nord-Ouest et l'Artibonite. Ses leaders, parmi lesquels le général Brice et Boisrond Canal, se réunirent à St. Marc pour mettre au point la stratégie finale. La capitale fut attaquée une seconde fois, mais avec un résultat différent. Les rebelles [de l'État Septentrional] réquisitionnèrent une puissante canonnière, "La Terreur", la nuit du 17 décembre 1869. Cela leur permit [d'avoir le dessus] et la chute de [Salnave] fut consommée. [Atteint par les canons de la Terreur], le palais national explosa.