Báez, les Etats Unis et Charles Sumner  par Sumner Welles (1892-1961)

Un extrait du livre de Welles  Naboth’s Vineyard: The Dominican Republic, 1844-1924 La Vigne de Naboth : La République Dominicaine, 1844-1924  (1928). Welles  était le  délégué américain   chargé de superviser l’occupation américaine de la République Dominicaine en 1920.  Plus tard, sous le  Président Franklin D. Roosevelt, il devint Secrétaire d’ Etat.

La mort de Salnave [qui fut publiquement exécuté] et l’instabilité croissante  qui agita la scène [politique] amenèrent  le Général Saget [au pouvoir] qui se  proclama lui – même Président d’Haïti.  Il devint alors évident que [le rival dominicain de Saget] Báez ne pourrait plus compter  sur l’assistance d’Haïti contre la croissante  activité des  révolutionnaires dominicains sur le territoire haïtien.   

Báez, par conséquent, adressa  une demande d’assistance auprès  du gouvernement de Washington. En réponse  à sa demande, le  gouvernement américain dépêcha immédiatement dans les eaux dominicaines une quantité additionnelle de bateaux de guerre et, à la fin de février 1870, sept  vaisseaux de guerre américains croisaient  dans les eaux dominicaines et haïtiennes.  

Aussitôt que Báez se sentit renforcé par ce support sans précédent rendu par la marine américaine, qui arriva non seulement à intimider le gouvernement haïtien, mais aussi à empêcher  l’éclatement de tout acte de protestation  dans les ports dominicains, il se mit  à réaliser  le  plébiscite qu’ il  avait à l’avance  imposé aux habitants du pays, à savoir… « D’unir leurs destinées aux destinées de la Grande République d’Amérique du Nord ».   

 Malgré que  l’ Administration de Grant était impliquée  dans le traité proposé, et  en dépit de la manière  dans  laquelle  le  Président avait identifié ses propres  vues   à l’égard égard  de la  ratification,  la grande influence du  Sénateur Charles Sumner,  le  Président du Comité  du Sénat pour les Affaires étrangères allait le  rejeter [le traité]…  Le résultat de ses propres investigations et sa connaissance  particulière des  conditions dans la Caraïbe, avait  prouvé à sa satisfaction  que  là [dans cette région] n’existait pas un désir spontané pour l’annexion de la part du peuple dominicain lui – même, et  qu’il était assuré que les stimuli derrière le projet, en dehors des propres ambitions de Báez lui – même,  n’ étaient que des machinations des groupes croissants de spéculateurs et des promoteurs  dirigés par Cazneau et Fabens, avec qui, dans le passé, le Sénateur  Sumner  avait été en  relations. De plus, une grande raison  pour  l’opposition  du Sénateur  Sumner  au traité était que la menace d’annexion  de la République Dominicaine entraînerait  nécessairement  une annexion  d’Haïti.