Firmin et l’égalité par Robert Bernasconi
Bernasconi est professeur de Philosophie à Pennsylvania State University. Il a écrit et édité de nombreux ouvrages sur le racisme et l’existentialisme, comme Race / Race (2001) et Situating Existentialism / Situant l’existentialisme (2012).
Anténor Firmin était l’un des premiers Pan – Africanistes et, de nos jours, l’un des plus fermes opposants à la conception européenne des différences raciales permanentes. Il publia De l’égalité des races humaines en 1885 quand il avait seulement trente-quatre ans.
Firmin a été à Paris pendant à peu près une année. Mais, pendant cette brève période il se familiarisa avec les courants dominants de pensée parmi les anthropologues français. Tournant leurs propres arguments contre eux, il affronta leurs croyances que la race est définie par des caractéristiques inchangées et données en héritage. Il concéda qu’il y aurait toujours des variations dans les niveaux de civilisation, mais il insista que ceci n’a rien à voir avec des différences raciales, comme les gloires de l’ancienne Egypte l’ont confirmé. Adoptant l’idée positiviste du progrès humain vers l’égalité, il rejeta néanmoins la suggestion formulée par Auguste Comte, le père de la philosophie positiviste, que les blancs resteraient à l’avant-garde. Il croyait que toutes les races contribuent au progrès [de l’humanité] par leurs interactions et qu’elles jouent un rôle central à un moment ou à un autre.
Après qu’il retournât en Haïti en 1888, Firmin reprit ses engagements avec la politique haïtienne. Ceci culmina dans sa tentative échouée d’occuper la Présidence. Il fut en 1902 forcé à l’exil et dans les neuf années qui suivirent il écrivit deux livres majeurs. En 1905, dans M. Roosevelt Président des Etats-Unis et la République d’Haïti, il réaffirme sa croyance dans la perfectibilité humaine et en 1910, dans Lettres de Saint-Thomas il développa l’idée que chaque nation et chaque peuple s’améliore en apprenant les uns des autres.