Classes  et Couleur  à la fin du siècle  par James G. Leyburn, Ph.D. (1902-1993)

Un extrait du livre de Leyburn  The Haitian People /  Le peuple haïtien  (1941). Leyburn était un sociologue américain  qui alla en Haïti pour observer  les gens. Là,  il observa que les inégalités de classe et de couleur étaient si extrêmes qu’il croyait  qu’Haïti avait un système de « caste ».
Jusqu’ à la période de  l’Occupation Américaine de 1915, il n’y avait pas de mesures de grande influence sur le statut du paysan. Le  désir le plus complet du commun des gens semblait tourner vers l’acquisition des portions de terre pour eux – mêmes. A cause de l’indifférence ou de l’impuissance de l’Etat,  ils  finirent par s’installer eux – mêmes sur les terres du gouvernement. De là, ils fondèrent des familles et laissèrent en héritage [à leurs descendants] la propriété qu’ils avaient occupée. 

Avec les paysans dans une large mesure satisfaits de leur train de vie quotidien, la séparation entre les  hautes et basses castes dans la  société haïtienne est devenue  graduellement  un fait accepté. Au moins quatre- vingt- dix pour cent  de la population appartient maintenant au groupe paysan…. Du dix pourcent restant de la population, une  petite faction se voit elle – même comme  « élite ». Quelques familles de ce groupe peuvent être repérées depuis les temps  coloniaux quand leurs ancêtres étaient déjà des affranchis.  



Il est significatif de remarquer que, quoique  les noirs  aient eu en leurs mains le gouvernement   pendant les trois quarts du siècle, ils furent incapables d’effectuer un  léger changement et  dans les membres de castes et dans les  lignes de castes. La partie de la population qui ne  fait partie ni de l’élite ni de  la paysannerie n’est pas « classe moyenne » au sens que ce terme est compris  dans le monde occidental.  Elle est plutôt un  pourcentage  d’Haïtiens en  mouvement  dont l’une  des   caractéristiques principales  consiste en leurs résidences dans les villes.  Quelques- uns sont des  salariés,  ou encore de petits commerçants ;  quelques-uns sont des ex – membres de l’élite qui ont  chuté de l’échelle sociale tandis que d’autres sont des  ex- paysans  en transition.

L’acceptation par l’élite suppose des exigences assez sévères pour décourager de nombreux aspirants. Au même moment, les cieux peuvent être  orageux  pour ceux qui veulent  affronter la  chaleur et les tensions de la bataille. La descendance des affranchis faisant défaut, les seuls moyens par lesquels un ambitieux  puisse réussir son entrée dans la caste de l’élite est l’argent, l’éducation, l’apparence sociale soutenue et le loisir, le « mariage propre » et la séparation des basses castes des [anciens] amis. Et une génération suffit rarement pour gagner l’acceptation par l’élite.