Le  Débat sur l’Education  par le Comité éditorial de l’Ile Lumineuse

Michel Oreste a été incapable d’améliorer l’éducation en Haïti, mais ais sa tentative sincère  montre qu’il y avait un intérêt largement répandu sur comment l’éducation pourrait aider à l’avancement de la nation. Beaucoup d’Haïtiens pensaient que l’éducation était d’une importance capitale  pour  le succès d’Haïti.  Cependant, ils n’étaient  pas d’ accord sur la  façon de l’améliorer.  Auguste Magloire, un penseur populaire qui écrivait en Haïti dans le journal Le Matin, insista sur le fait que les écoles devaient produire seulement  quelques dirigeants et principalement des travailleurs. Mais ses rivaux, comme Antoine Michel et Jean-Baptiste Dorsainvil, réfutèrent   l’argument de Magloire comme celui  d’un  élitiste qui voulait exploiter les masses.

Dans son  livre   Etude sur le tempérament haïtien (1908) Magloire essaya d’expliquer  pourquoi l’éducation classique, comme en France,  n’aurait  pas de succès en Haïti. « En  France », dit – il, « le système éducatif est  intellectuellement intense ». En  Haïti toutefois,  il est seulement « une simple imitation ».  Magloire  soutient alors que «  nous copions  aveuglement et sans  aucune discrimination, sans aucune discussion ». Il croyait que  l’éducation classique est inappropriée [pour Haïti]  alors qu’Haïti a besoin de cultivateurs et non pas de politiciens qui seulement se querellèrent les uns avec les autres.  Haïti a déjà trop de politiciens et d’intellectuels, dit – il. «  Il est maintenant impossible  d’attribuer  un poste dans l’administration  publique  à chaque personne qui avait prouvé qu’il le mérite ».  Il fait référence au vieux penseur libéral Edmond Paul  quand celui –ci  déclarait que «  la  balance entre  les positions gagnées et celles attribuées le rend  difficile à tenir ». Ceci  était spécialement vrai, dit –il, parce que les leaders assurent la promotion des « individus qui partagent leurs  propres  prédispositions politiques et non pas ceux qui avaient démontré des capacités intellectuelles supérieures ».  

Pour illustrer son point de vue, Magloire dessina deux pyramides. L’une, renversée,  est supposée représenter Haïti où il y a supposément trop d’intellectuels et aussi très peu de travailleurs. Magloire en conclut que les écoles devaient éduquer les Haïtiens à faire des travaux pratiques, et par conséquent, les  aider à renverser cette tendance.

Comme nous le verrons plus loin dans l’histoire, les idées de Magloire au sujet de l’éducation sont très similaires à celles  tenues par les Américains qui occuperaient Haïti entre 1915 et 1934. Alors, ce n’était pas une surprise que beaucoup d’ Haïtiens aient eu à travailler volontairement avec les Américains pour introduire les écoles d’éducation  vocationnelles  en Haiti.  Aussi, ce n’était  pas choquant de  retrouver d’autres Haïtiens qui protestaient  contre l’éducation vocationnelle qui  était  vue par plus d’un comme un moyen d’endoctriner les travailleurs et  de maintenir le statu quo.