Dartiguenave et le Traité de 1915  par Arthur C. Millspaugh (1883-1955)

Un extrait de Haiti under American Control, 1915-1930 /Haïti sous le contrôle américain (1931) de Millspaugh. Millspaugh fut un conseiller économique américain en Haïti.

Le Département de la Marine [des États-Unis], ayant ordonné à l’Amiral Caperon de permettre la tenue des élections quand les Haïtiens le désireraient, l’informa que les États-Unis « préfèrent l’élection de [Sudre] Dartiguenave ».

Sous l’influence du parti de [l’opposant] Bobo, le comité révolutionnaire, anticipant la défaite de leur candidat aux élections, ordonna la dissolution de l’Assemblée Nationale et fut empêché par les Marines de bloquer la porte de la Chambre des députés. Sur ce, l’Amiral Caperton ordonna au comité révolutionnaire de démissionner. [Les Américains], le chargé Davis et le Capitaine Beach communiquaient les points de vue du Département d’Etat aux sénateurs, députés et candidats, et le 12 août Dartiguenave fut choisi comme Président dans une élection « tenue sous la protection des Marines ».

Les interventions militaires et l’élection présidentielle, aux yeux des officiels américains, ressemblaient fortement à la conclusion d’un traité ; et le Département d’Etat aborda cette question avec le Président Dartiguenave immédiatement après son inauguration.

Le traité tel qu’envisagé par le Département [d’Etat] prévoyait une supervision plus étendue et plus stricte que celle considérée dans l’ébauche du 2 juillet 1914 ; et en plus du contrôle financier clairement spécifié, de nouveaux articles étaient maintenant proposés, comprenant l’inclusion d’une gendarmerie haïtienne qui serait organisée et encadrée par des Américains désignés par le Président des États-Unis.



Un protocole devait être exécuté pour le règlement des réclamations étrangères ; et Haïti « désireuse de poursuivre le développement de ses ressources nationales » devait entreprendre et mettre en œuvre  « des mesures qui, dans l’opinion du Gouvernement des États-Unis, pouvaient être nécessaires pour l’assainissement et l’amélioration publique de la république »,   sous la supervision d’ingénieurs américains.

Parallèlement, le Département de la Marine, à la demande du Secrétaire [d’Etat Robert] Lansing, ordonna à l’Amiral Caperton de prendre en main les bureaux des douanes à tous les ports importants et de déposer les reçus à la banque.