La Santé publique pendant l’occupation américaine  par Matthew Davidson

Davidson est étudiant de troisième cycle à Trent University. Sa thèse est intitulée Empire and its Practitioners: Health, Development, and the US Occupation of Haiti, 1915-1934. /L’Empire et ses praticiens: santé, développement et l’occupation américaine d’Haïti, 1915-1934.

Quelque temps après l’invasion de 1915, les Américains prirent rapidement contrôle des services de santé publique d’Haïti. Étant conscients qu’à l’époque coloniale, les envahisseurs français, espagnols et britanniques avaient échoué en Haïti à cause des maladies, et ayant appris des autres expériences coloniales telles que celle de Cuba, les Américains espéraient pouvoir  protéger leurs troupes des pathogènes tropicaux en mettant en œuvre différentes mesures de santé publique. Ces programmes, principalement axés sur l’éradication des moustiques et d’autres efforts contre la malaria, servirent de base pour le Service de Santé Publique établi en 1917 en accord avec le traité de 1915 qui légalisa l’occupation. Connu sous l’appellation Service d’Hygiène, le département fut placé sous la direction du Génie Sanitaire. Quoique les Marines aient abandonné le contrôle direct du service, le Génie Sanitaire fut géré par un Américain de même que la plupart des positions administratives pendant l’occupation. Cette situation persista même après l’acte du 24 février 1919 qui finalement intégra la Santé publique au sein du  gouvernement haïtien après quelques années de fonctionnement de facto.

De même que la responsabilité pour la santé changea, ainsi changea le but du service d’hygiène. N’étant plus responsable de la santé des Américains, le Service de Santé publique tourna ses intérêts vers la population haïtienne en général, surtout après 1920 quand une épidémie de petite vérole ravagea le pays. Appuyé par une loi qui rendait la vaccination obligatoire, le service lança une campagne réussie d’inoculation, qui amena les docteurs américains et les pharmaceutiques dans des coins préalablement isolés et dans des villages haïtiens hostiles. C’était la première de plusieurs tentatives d’apporter « le gospel de la santé » aux Haïtiens. Ensemble avec une série d’hôpitaux et de cliniques rurales construits par les Américains, les officiels de la Santé publique traversèrent la campagne pour rendre le soin médical plus accessible, comme la source ci-dessous l’indique. Ceci servit doublement, de manière commode, comme campagne de relations publiques pour les Américains.

Alors qu’Haïti pouvait se vanter de soins médicaux dirigés par l’Etat depuis 1808, les Américains s’inquiétèrent que le secteur sanitaire tomberait dans le délabrement à la fin de l’occupation. Pour s’assurer qu’Haïti retiendrait une source domestique d’expertise médicale, l’Ecole Nationale de médecine fut remaniée en 1926 avec l’aide de la Fondation Rockefeller. Les services de santé furent « haïtianisés » en 1931 et en anticipation du retrait imminent des Marines, l’école forma de nouveaux physiciens haïtiens. Quoique son budget ait été coupé, le service d’hygiène continua de fonctionner après l’occupation. Il fut renommé le Département de la Santé publique avant de devenir éventuellement le Ministère de la Santé.