Le Service technique par Léon D. Pamphile, Ph. D.

Pamphile dirige l’ONG chrétienne Ministère de l’Alphabétisation Fonctionnelle d’Haïti. Il est l’auteur de Clash of Cultures: America’s Educational Strategies in Occupied Haïti, 1915-1934/Choc de cultures : les stratégies éducationnelles de l’Amérique en Haïti occupé, 1915-1934 (2008).

L’éducation publique a émergé comme un des grands composants des efforts américains pour apporter la stabilité politique dans leurs avant-postes coloniaux. C’était évident dans les Philippines, par exemple. Pour arriver à établir un gouvernement démocratique là-bas, « L’Amérique, selon ses traditions et théories politiques, se devait d’éduquer, non pas quelques leaders, mais la totalité des gens ordinaires ». La même observation est également vraie en ce qui concerne Cuba sous le contrôle américain.

Le système scolaire du Service Technique [en Haïti] fut organisé sous la direction du Département d’Etat de l’Agriculture. Pour assister le Dr. Freeman, Directeur Général du système, il y avait Carl Colvin, un ancien superviseur d’état de l’éducation vocationnelle dans l’Illinois  en charge de l’administration scolaire. Ce système comprenait deux départements principaux : le Département de l’Education industrielle et le Département de l’Education agricole.

Le Département de l’Education agricole établit et supervisa le système des écoles agricoles rurales. En ce qui a trait à la gestion, les responsabilités de l’administration revenaient au « directeur de l’éducation rurale et au directeur adjoint, le cadre supérieur et les trois employés administratifs. » L’inspection et la supervision étaient déléguées, en partie, aux superviseurs locaux des différents districts.

Les buts et objectifs du système d’Education vocationnelle étaient clairement énoncés dans les divers Rapports du Service Technique. Les écoles industrielles visaient à développer l’efficience industrielle parmi les masses. Elles étaient conçues en vue « de répondre aux besoins de la majorité des gens qui devaient trouver un moyen de gagner leurs vies par un travail industriel de quelque sorte que ce soit. »

Le programme visait la création d’une nouvelle classe de travailleurs vocationnels efficients qui pourraient répondre aux besoins de l’industrie.

En 1930, il y avait huit écoles urbaines, consacrées à l’enseignement des matières  industrielles. Dans les régions rurales, le Service Technique établit un système d’écoles agricoles pour l’éducation agricole à travers le travail de jardin et la récitation de divers sujets agricoles. Ces écoles devaient  apprendre aux jeunes du pays  à améliorer les soins de leurs cultures et des animaux. En outre, le Haut Commissaire [Américain] était convaincu que les écoles agricoles enseigneraient aux garçons  à travailler efficacement avec leurs mains, utiliser des outils, fabriquer des produits utiles dans les ateliers, et faire pousser des cultures nécessaires dans le jardin. » À part la formation d’une meilleure classe de fermiers, la politique de l’occupation militaire visait aussi à garder les ruraux dans les fermes. Les officiels américains critiquaient souvent les messieurs des villes qui recevaient une éducation classique comme des handicaps au développement correct d’Haïti. Inversement, cette génération était éduquée pour rester dans les régions rurales.