Le Massacre de 1937 par Edward Paulino

Paulino est professeur adjoint d’Histoire à John Jay College à New York. Il publiera bientôt un livre sur les relations haïtiano-dominicaines et le massacre de 1937.

Le massacre des Haïtiens en 1937  a été une action génocide commanditée par le dictateur dominicain Rafael Trujillo à la fin de septembre et au cours du mois d’octobre  pendant laquelle des soldats de l’armée et des civils recrutés ciblèrent des communautés de longue date d’Haïtiens et d’Haïtiens-Dominicains dans la République Dominicaine, particulièrement le long de la région frontalière dominicaine.

Si les autorités dominicaines censuraient toutes les nouvelles du carnage, Haïti et ses journaux ne firent pas de même, comme Le Nouvelliste (13 octobre 1937) et son article « Le malheureux incident de la frontière » qui rapporta « les tueries inexplicables d’à côté » et comment les réfugiés, en réalité des survivants,  parcouraient  le pays en masse tels que les « dix-huit actuellement en train d’être soignés à l’hôpital du Cap, [ce qui] démontre ce qu’il est quasi impossible de reconnaître ». Comme pour tous les autres articles des journaux haïtiens, le ton de l’article était prudent de façon à ne pas alimenter la tension entre les deux pays.

Néanmoins, le génocide donna aux exilés opposés à Trujillo une autre raison de dénoncer le régime. Les exilés politiques, comme le fondateur du Parti Socialiste Populaire en République Dominicaine (le précurseur du Parti Communiste Dominicain) Pericles Franco Ornes, s’installa au Chili et avec un prologue écrit par Pablo Neruda, publia La tragedia dominicana (La Tragédie dominicaine)  où il fait référence au massacre, comme beaucoup d’exilés de cette période,  comme un sanglant souvenir de la brutalité du régime.

La dominicanización fronteriza /La Dominicanisation de la frontière (1955) de Manuel A. Machado Báez, montrée ci-dessous, faisait partie des séries de publications en plusieurs volumes réalisées dans le cadre de la célébration de 1955 pour marquer les 25 années de pouvoir de Trujillo. Le livre de Báez est l’une des rares sources de la longueur d’un livre de statistiques gouvernementales complètes du projet d’état qui servit à légitimer la tentative post-massacre de réclamer physiquement et culturellement les frontières dominicaines. Ce livre est représentatif d’un héritage où aujourd’hui, les politiques gouvernementales dominicaines continuent de rejeter les Haïtiens et leurs descendants en dehors du domaine politique dominicain et de sa problématique diversité.