Jacques Roumain et le mouvement communiste par Léon-François Hoffmann

Hoffmann est professeur  Emérite de Français et d’Italien à l’Université de Princeton. Il a écrit de nombreux livres, tels que Le Roman haïtien : idéologie et structure (1982), et a édité les Œuvres complètes de Jacques Roumain (2003).

Comme un grand nombre d’intellectuels d’avant la Seconde Guerre mondiale, le jeune Jacques Roumain, un des leaders de la résistance contre l’occupation américaine et un critique amer de ses collaborateurs parmi l’élite haïtienne, s’inspirait du marxisme et du léninisme.

En 1934, il fonda le Parti communiste haïtien et signa son manifeste – un pamphlet de 18 pages intitulé Analyse schématique : 32-34, probablement rédigé en collaboration avec ses amis Étienne Chevalier et Christian Beaulieu. Il fut immédiatement emprisonné en tant que subversif. Deux ans plus tard, le président Sténio Vincent ordonna que le Parti soit dissous et Roumain envoyé en exil.

Alors qu’il était en Belgique, en France et plus tard aux États-Unis et en exil à Cuba, Roumain restait en contact avec des organisations de gauche et contribua à des publications communistes. Tout au long de sa courte vie, il suivit la ligne politique définie par Staline : il approuva le meurtre de Trotski, défendit le pacte russo-germanique de 1939 et ne critiqua pas les Nazis jusqu’à ce qu’ils envahissent l’Union soviétique.

Dans sa correspondance avec sa femme, il attaqua continuellement les démocraties occidentales, dont il mentionna rarement l’effort de guerre, alors qu’il célébrait les victoires soviétiques sur le front de l’est. Vers la fin de sa vie, il devint plus proche des exilés allemands communistes à Mexico, et parmi les dernières personnes  à qui il rendit visite avant sa mort il y eut son vieil ami et  camarade communiste le poète cubain Nicolás Guillén.