L’Intervention des États-Unis  par Philippe R. Girard

Girard est professeur agrégé d’Histoire à McNeese State University. Il a écrit de nombreux livres, tels Clinton in Haiti: The 1994 U.S. Invasion of Haiti /Clinton en Haïti: l’invasion américaine d’Haïti en 1994 (2004) et Haiti: The Tumultuous History – From Pearl of the Caribbean to Broken Nation Haïti : l’histoire tumultueuse – de Perle de la Caraïbe à nation brisée (2010).

En septembre 1991, après seulement sept mois au pouvoir, le président Jean-Bertrand Aristide fut renversé par une junte de l’armée haïtienne menée par Raoul Cédras. Les États-Unis furent divisés sur la politique appropriée à adopter. (Voir le document ci-dessous sur la session du congrès à ce sujet.) L’administration de George H. W. Bush imposa des sanctions économiques sur le régime de Cédras, mais beaucoup de conservateurs furent peu disposés  à  faire grand-chose pour restaurer au pouvoir un prêtre à des tendances gauchistes associé à la théologie de la libération. Cependant, après qu’il fut  élu président des États-Unis en 1993, Bill Clinton lutta de façon infatigable pour le compte d’Aristide. Il fut  contraint de le faire par le Congressional Black Caucus et des lobbyistes engagés par Aristide. Il fut aussi inspiré par des motivations politiques personnelles : arrêter le flux de réfugiés haïtiens à la Floride, défendre un président élu démocratiquement, et restaurer sa crédibilité en tant que commandant en chef,  endommagée par des échecs de politique étrangère en Somalie et au Rwanda.

Les troupes américaines atterrirent en Haïti en septembre 1994. Les Haïtiens, ravis de voir Aristide restitué au pouvoir, les accueillirent au début comme des libérateurs. (Voir l’illustration ci-dessous des Haïtiens autour des véhicules américains). La communauté internationale promit aussi des milliards de dollars en aide pour contribuer à raviver l’économie haïtienne, mais des disputes politiques entre Aristide, ses rivaux locaux, et ses supporteurs internationaux, ensemble avec des préoccupations autour de la souveraineté nationale haïtienne, conduisirent vite à une impasse politique. La présence militaire américaine ne réussit pas à apporter un progrès politique et économique durable en Haïti, conduisant à une déception généralisée au moment où les dernières troupes quittèrent Haïti en 2000.