Les Nations Unies en Haïti  par Erica Caple James

James est professeur agrégé d’Anthropologie  au Massachusetts Institute of Technology. Elle est l’auteure de Democratic Insecurities: Violence, Trauma, and Intervention in Haiti / Insécurités démocratiques : violence, trauma et intervention en Haïti (2010).

Haïti fut l’un des 26 signataires originaux  de la Charte des Nations Unies, le document qui créa les Nations Unies lorsque l’organisation entra en vigueur le 24 octobre 1945. En plus de la réception de l’assistance bilatérale des États-Unis et d’autres nations, de la fin des années 1940 jusqu’à présent, Haïti a été le récipiendaire de multiples formes d’aide humanitaire et au développement des agences des Nations Unies (i.e. Organisation Mondiale de la Santé, UNESCO, UNICEF et UNDP).

L’étendue et le caractère de l’aide des Nations Unies à Haïti changea de façon dramatique quand le 30 septembre 1991, les forces armées d’Haïti destituèrent le premier président démocratiquement élu du pays, l’ancien prêtre Jean-Bertrand Aristide, et commença une période de trois ans durant laquelle la détention, la torture, les disparitions, le viol collectif et le meurtre étaient des instruments de terreur qui supprimèrent le secteur pro-démocratie. À la suite d’une résolution de l’Organisation des Etats Américains (OEA) appelant pour une non-reconnaissance internationale du régime de facto, le 11 octobre 1991, l’Assemblée Générale des Nations Unies imposa des sanctions économiques contre Haïti en vue de provoquer la restauration de l’ordre constitutionnel ; cependant, de tels efforts furent d’abord sans succès. En février 1993, une mission civile internationale conjointe ONU/OEA débarqua pour documenter des abus des droits humains qui se passaient dans la nation sous l’appareil du coup. Après avoir échoué dans l’implémentation de l’accord de Governors Island du 3 juillet 1993 – une mesure négociant le départ des dirigeants militaires d’Haïti en échange d’amnistie, et donnant une assistance internationale pour restructurer et moderniser l’armée, tout en créant une nouvelle force policière civile sous la supervision des Nations Unies (ensemble avec d’autres provisions) – le 31 juillet 1994, le conseil de sécurité  des Nations Unies autorisa la Résolution 940, créant une force multinationale de 20,000 membres pour restaurer la démocratie et un état de droit en Haïti. Entre 1994 et 2000, plusieurs missions de maintien de paix des Nations Unies seraient implémentées, de la mission des Nations Unies (UNMIH) en 1995, la mission de support des Nations Unies en Haïti (UNSMIH), à la mission de la police civile des Nations Unies en Haïti (MIPONUH) et la mission de transition des Nations Unies en Haïti (UNTMIH). Certains critiques de ces missions  estimèrent que les soldats de la paix des Nations Unies ont échoué à maintenir la paix, et dans quelques  cas rares, ont même exploité des Haïtiens vulnérables en les contraignant sexuellement.

Quoiqu’Haïti arrivât avec succès à tenir des élections démocratiques et à transférer le pouvoir restauré du Président Aristide au Président René Préval (1995-1996) et ensuite à le restituer de nouveau au président Aristide (2000-2001), la paix et l’état de droit ne seront pas facilement maintenus. Pendant la seconde administration du Président Aristide, une rébellion conduite par des individus ayant des liens avec les forces qui implémentèrent le coup de 1991 fomenta des troubles politiques, aboutissant au renversement du Président Aristide le 29 février 2004. Ce même jour, la Résolution 1529 du Conseil de sécurité des Nations Unies autorisa la force multinationale intérimaire (MIF). Le 30 avril 2004, la résolution 1542 établit la mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) qui succéda à la MIF le 1er juin 2004.