MINUSTAH  par Chelsey Kivland

Kivland est la boursière postdoctorale d’Anthropologie Robert A et Catherine L. McKennan  au Dartmouth College. Son livre à paraître analysera des organisations de jeunes, des sociétés spirituelles, des bandes de rue et gangs dans l’Haïti urbaine.

Le 1er juin 2004, la mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUTAH) fut implémentée comme la cinquième  mission de maintien de la paix actuelle  en Haïti. Sur une période de huit ans, MINUSTAH a joué plusieurs rôles, agissant comme effort contre-insurrection, corps de développement, force de police civile et agence humanitaire. On lui a  crédité d’avoir supprimé des émeutes et la violence après le coup et facilité le premier transfert démocratique de pouvoir entre des partis en opposition. Cependant, la mission a fait face à une critique généralisée pour avoir violé les droits humains, sapé le secteur public et déclenché l’épidémie de choléra.

La Résolution 1542 du Conseil de sécurité des Nations Unies (30 avril 2004) autorisa le déploiement de 6,700 militaires et 1,622  agents de police des pays qui se sont engagés au service du maintien de la paix des Nations Unies. Le corps est conduit par des officiels brésiliens et chiliens et a inclus des soldats  inscrits de cinquante pays différents, avec des composantes importantes de plusieurs pays latino-américains ainsi que de la Jordanie, le Népal et le Sri Lanka. Les troupes sont payées par leurs gouvernements respectifs avec des fonds des états membres des Nations Unies.

MINUSTAH succéda à la force multinationale intérimaire conduite par les États-Unis, qui fut établie après que le Président Aristide ait quitté Haïti pour l’exil au milieu des troubles politiques généralisés. Le mandat original de la MINUSTAH était de donner un soutien au gouvernement de transition dans l’établissement d’un environnement stable et sécuritaire. Cette tâche fut centrée sur le désarmement et la démobilisation des acteurs armés qui contestèrent le coup contre Aristide ainsi que des gangs criminels qui florissaient dans le désordre politique. MINUSTAH était autorisée à utiliser la force dans plusieurs raids dans les quartiers populaires, tels que Bel Air et Cité Soleil, où Aristide avait solidifié une base de support. Des études indépendantes de la mission ont documenté une utilisation excessive de force et des abus des droits humains lors de ces raids. De septembre 2004 à janvier 2005, environ 400 personnes furent tuées. Cependant, des défenseurs de la mission affirment que ces raids ont réussi à supprimer l’opposition et à restaurer l’ordre dans le pays.


Depuis 2004, MINUSTAH a intégré le travail de la sécurité et du développement dans un mandat pour créer un environnement positif pour des procédures démocratiques et des investissements commerciaux. Ils établirent des partenariats avec des forces de police nationales et exécutives pour appliquer l’état de droit et des élections, et aussi avec des agences des Nations Unies, des agences d’aide gouvernementale et des ONG dans l’exécution des projets de développement. Ces efforts furent entrepris dans l’intention de renforcer la capacité de l’Etat pendant qu’ils obtenaient le support de la population. Cependant, plusieurs critiques ont avancé l’argument selon lequel la mission a encore affaibli l’autorité et le contrôle du gouvernement en assumant son rôle et en réclamant des fonds d’aide.

Le séisme de 2010 marqua un point tournant pour la MINUSTAH. Le personnel  administratif souffrit des pertes sévères quand les quartiers généraux tombèrent. Néanmoins, MINUSTAH lança rapidement des opérations de secours  d’urgence ensemble avec les États-Unis et d’autres gouvernements. La Résolution 1908 des Nations Unies autorisa 3,500 troupes additionnelles en support au recouvrement immédiat et à la reconstruction.

L’éruption de choléra qui traversa Haïti dix mois après le séisme, à la mi-octobre 2010, fut liée aux troupes de la MINUSTAH stationnées à Mirebalais, près d’un affluent du fleuve Artibonite. A date, la maladie a infecté plus de 500,000 personnes et tué environ 8,000. Les Nations Unies déclarèrent que les conditions sanitaires n’étaient pas suffisantes pour empêcher la contamination de la rivière, mais refusèrent de reconnaître les troupes de la MINUSTAH comme source de la maladie. L’éruption et le refus des Nations Unies d’assumer la responsabilité fomentèrent des protestations anti-MINUSTAH dans tout le pays. Le 12 octobre 2012, la résolution 2070 des Nations Unies autorisa la réduction des troupes au point le plus bas depuis sa création, faisant anticiper un retrait complet dans un avenir proche.